Bertrand Badie et la fin de la géopolitique

« Nous avons changé de système international alors que nous pensons et que nos dirigeants pensent que nous sommes toujours dans le même qu’auparavant! » – Bertrand Badie.

Bertrand Badie face aux Tles, aux Prépas ECE1 et LS1 et aux Corot…

Lundi 26 mars 2018 a eu lieu la conférence de Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, professeur des Universités à Sciences Po Paris et enseignant-chercheur associé au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI). En centrant sa réflexion sur le système international, Bertrand Badie nous a montré en quoi la vision que l’on porte sur celui-ci est erronée. En effet, la mondialisation, phénomène dont on ne peut donner de définition exacte mais auquel nous pouvons rattacher des symptômes caractéristiques tels que l’inclusion, l’interdépendance et la mobilité, a bouleversé le système international en le transformant profondément. Pour comprendre l’évolution de ce système international et ses conséquences sur le monde actuel, il est primordial de définir ce terme et de comprendre son origine.
Le premier système international, qui voit le jour en Europe Occidentale à la fin du Moyen-Age, s’impose face à un système féodal obsolète dans un monde marqué par l’avènement d’États-Nations, l’ouverture des mers et la banalisation des échanges. La notion de souveraineté, c’est-à-dire celle d’une « puissance ultime qui ne peut être précédée par aucune autre » selon Jean Baudin, qui a accompagné l’avènement de ce système, a fait de la guerre une conséquence logique de tout système international. Ce dernier est donc un système compétitif où chacun des États cherche à accumuler assez de puissance pour pouvoir faire face aux autres. Cela peut mener à des phénomènes compétitifs tels que « la course aux armements », aussi connue sous le nom de « dilemme de sécurité » en sciences politiques. La guerre est ainsi devenue le « carburant » des relations internationales excluant les peuples des nations. Cependant, ce système sera progressivement modifié par la socialisation de la guerre qui s’opérera à partir de la Révolution Française. La guerre n’était alors plus affaire de compétition entre puissances mais portée par les sociétés motivées par des principes. Même si cette première rupture ne constitue pas un changement fondamental dans le système international, elle marque le début d’une évolution de celui-ci. Les États européens, inquiétés de voir leur puissance s’affaiblir, vont alors créer un « G4 » à la suite du Congrès de Viennes débuté en 1814 pour surveiller l’Europe et mettre tout en œuvre pour conserver le système international tel qu’il était.
En revanche, la mondialisation va profondément bouleverser le système international connu jusqu’alors. Cependant, notre vision n’a pas évolué avec cette transformation et les entités politiques d’aujourd’hui envisagent toujours le monde avec l’ancien système international. A la fin de la Guerre Froide, marquée par la chute de l’URSS, les États-Unis vont croire à tort qu’ils deviendraient l’hyperpuissance unique qui dominerait le monde. Mais la mondialisation fait alors son apparition et le monde devient peu à peu multipolaire, au détriment de la superpuissance américaine. Celle-ci est marquée par trois grandes caractéristiques : l’inclusion qui définit un monde où pour la première fois tous les acteurs appartiennent à la même scène internationale, l’interdépendance et la mobilité. Un nouveau système international nait alors de la fin de la bipolarisation mais s’avère être le système social le plus inégalitaire que le monde ait connu. Aujourd’hui le taux de pauvreté mondiale se réduit peu à peu mais les écarts de richesses se creusent, créant de ce fait des tensions sociales. La mondialisation va déclencher aussi une véritable révolution de la communication et s’accompagne d’une forte urbanisation qui s’avère inégalitaire selon les pays. L’interdépendance, quant à elle, témoigne d’une véritable révolution dans le système international puisqu’elle décrit une dépendance des faibles aux plus forts qui est aujourd’hui réciproque.
Ce bouleversement a conduit à de nouvelles formes de conflictualités : la guerre interétatique, qui constituait jusqu’alors la forme la plus commune, disparait progressivement pour laisser place à des conflits infra-étatiques. De ce fait, ces nouvelles conflictualités sont devenues l’affaire de comportements sociaux plutôt que de stratégies d’États. De nouveaux acteurs remplacent les anciens dans des conflits entièrement déterritorialisés : les États laissent place aux « War Lord » (chef de guerre), les armées aux milices. Dans un monde où la violence se voit de plus en plus banalisée, des « entrepreneurs de violence », qui n’ont plus besoin du territoire pour agir et pour nuire, sont alors apparus. La guerre est ainsi devenue « rhizomatique » : elle prend racine dans un espace et se multiplie à différents endroits où personne ne l’attend.
Pour conclure, selon E.Durkeim « il n’y a pas de paix sans lien social ». Ainsi, Bertrand Badie nous délivre un message de paix : il faut éradiquer les stigmatisations, tendre la main aux autres pour créer la paix et éloigner le spectre de l’intolérance.

 

Wynona Meyer
Hypokhâgne 2017-2018
Etudiante de la préparation spécifique IEP

Wynona et ses camarades de LS1 avant la conférence

Et pendant!

 

Edm

Agrégée d'Espagnol CPGE Chaire Supérieure Professeure CPGE depuis 1998 Présidente PrépaMantes

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