Cette question, beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine, a été le sujet de la conférence du vendredi 22 février, animée par Julien Dupont, professeur en charge des musiques actuelles au Conservatoire de Mantes et commandée par les Professeurs de Lettres d’Hypokhâgne et Khâgne qui ont forcément un jour à étudier, notamment, Aragon.
C’est une conférence basée essentiellement sur l’écoute que Julien Dupont a proposée aux étudiants qui ont aussi (re)découvert des images d’archives parfois très surprenantes, toujours très intéressantes à analyser, comme, en 1986, cet échange acerbe entre Serge Gainsbourg et Guy Béart, sur le plateau de Bernard Pivot, à propos de ce qu’est la chanson comme mode de création.
https://www.youtube.com/watch?v=JN33M4j6aWI
Car c’est justement une tentative de définition de ce mode d’expression (ce qu’est et ce qu’a été la chanson comme art populaire parfois méprisé) et son inscription dans une histoire millénaire (le chant et la poésie comme arts premiers, la dimension politique et idéologique du texte chanté, l’instrumentalisation de l’artiste) qu’a souhaitée le conférencier, très à l’écoute des réactions de son public.
Les étudiants, quant à eux, sont allés de surprise en surprise: du premier document vidéo parodique et caricatural de Didier Suger au texte grossier caractéristique du nihilisme post punk d’Arno, du courant Protest Song dans les mondes anglo-saxons (Billy Holiday, Muddy Waters, Nina Simone, Bob Dylan, U2…) à Boris Vian tour à tour jazzy et romantique, du trio majeur formé par Brassens, Brel et Ferré à Bigflo et Oli ou Childish Gambino, Julien Dupont a cherché à expliquer que la chanson engagée fonctionnait comme genre à part (force du message, simplicité de la mélodie et accompagnement minimaliste), mais était capable, malgré tout, de faire éclater les formes et de varier les approches: d’où, par exemple, un traitement musical très classique et symphonique de la part de Léo Ferré, interprète majeur des grands textes engagés de Louis Aragon.
