Un feu d’artifice culturel: 17-21 juin 2019

Retrouvez les temps forts de la Semaine Culturelle 2019 des LS à travers les synthèses réalisées par les étudiants. Merci à eux! Mention spéciale à Anaïs et ses superbes photos!

 

Semaine culturelle_2019

 

Lundi 17 juin 2019, la journée a débuté par le visionnage de deux films-reportages à propos de la musique dans le sud et dans le nord du continent américain. Le premier, intitulé Moro no Brasil, de Mika Kaurismäki, portait sur l’importance de la musique au Brésil. Et tout au long de son périple à travers le pays, passant par des villes importantes telles que Récife ou Bahia, le reporter finlandais s’emploie à montrer et expliquer l’immense place que prennent la musique, le chant et la danse dans la culture des différents peuples de ce pays. Il démontre ainsi, en particulier, qu’ils constituent avant tout l’identité et l’unité de ces peuples, très attachés à leurs racines, qui finissent par se définir par rapport à ces arts.
Des chaînes de fer aux chaînes en or, le deuxième film, retraçait lui l’histoire de la musique noire aux États-Unis depuis la période de l’esclavage, jusqu’aux années 2000-2010. En expliquant la naissance de genres fondamentaux dans la culture noire, tels que le Blues, le Jazz, le Gospel, le Rock n’ Roll, le Rap ou encore le R’ n’ B, en leur associant des noms d’artistes, aujourd’hui célébrissimes dans le monde, tels que Duke Ellington, Bill Halley, Elvis Presley, Nina Simone, James Brown, Otis Redding, Snoop Doggy Dog ou, plus récemment Beyoncé, et en rattachant ces artistes à des événements, qui se sont prolongés parfois sur de longues périodes, portés par des acteurs davantage politiques tels que Martin Luther King, Rosa Parks, ou encore Malcom X, l’auteur de ce documentaire met en évidence le lien étroit qui a existé, et qui continue d’exister, entre l’évolution de la musique, en particulier celle produite par les Noirs, et celle de la situation de ces derniers et de leurs relations avec les Blancs en Amérique du Nord, de 1865 jusqu’à récemment.

 

 

Si ces deux films nous ont prouvé, pendant quatre heures!, le rôle clé de la musique dans la culture, l’identité et l’histoire des peuples du Brésil et des Afros-Américains, c’est M. DUPONT qui a établi le lien entre différentes cultures venant du continent américain, à travers sa conférence axée sur la question des syncrétismes musicaux (combinaison plus ou moins harmonieuse d’éléments hétérogènes issus de différentes doctrines philosophiques ou visions du monde) des Amériques. Tout en s’appuyant sur des extraits de musiques, de films et sur des clips, il a su remettre en perspective la notion d’identité attachée à la musique, en démontrant les rapports d’influence mutuelle entre les genres musicaux que l’on pourrait pourtant croire si différents.
En somme, cette journée nous aura donc permis de réaliser l’importance de la musique dans la construction de la culture et de l’identité des pays américains, tout en envisageant une vision de l’humanité comme un tout, dont les différentes parties doivent s’interpénétrer pour s’entre-nourrir et devenir plus riches encore.
Jazz R. LS1

 

 

 

Mardi 18 juin 2019, les étudiants de CPGE L ont suivi les traces de Juan Goytisolo, un auteur « hispano-marocain » ayant vécu de nombreuses années à Paris, où il rencontre son épouse Monique Lange après le décès de laquelle il remet son orientation sexuelle définitivement en question et s’installe pour toujours à Marrakech. Cet auteur, qui a obtenu le Prix Cervantes en 2014, vit pleinement l’expérience de l’exil politique à partir de 1956 et se construit comme homme et écrivain lors de ses séjours  à Paris, à Saint-Tropez, à Cuba, en Union Soviétique et bien entendu au Maroc. Il est issu d’une famille de droite mais fuit le franquisme qu’il déteste tout autant qu’il méprise son père conservateur. A Paris, il fréquente des cafés comme Le Flore ou Les Deux Magots, des cabarets comme Chez Michou. Il travaille chez Gallimard dès 1957 comme lecteur-interprète-public relation. Juan Goytisolo permet la publication d’auteurs espagnols en France, par exemple Camilo José Cela, qui rencontrera Sartre grâce à lui,  ou les auteurs de la Génération de 98. Sa tâche est ardue dans une France qui ne parle pas espagnol et où seuls Federico García Lorca, Rafael Alberti ou Ramón Sender sont un peu connus.

 

 

Rue Verneuil, en face de la maison de Serge Gainsbourg, se situe le petit hôtel que Juan Goytisolo habitera avant de s’installer sur la Rive Droite, chez Monique Lange. Paris est pour lui synonyme de lieu de rupture avec tout d’abord l’Espagne mais également avec son père et cette famille qu’il méprise, hormis ses deux frères, écrivains comme lui.

Juan Goytisolo connait alors des rénovateurs du roman et des intellectuels comme Marguerite Duras, Roland Barthes ainsi que le grand hispaniste Marcel Bataillon, Sartre qui a son immeuble au 42 rue Bonaparte où il vit seul, non loin de Simone de Beauvoir, dit le Castor, avec laquelle Goytisolo visitera la région d’Almería.

Sur le trajet qui a conduit le groupe de la Rue du Bac à la Rue de Bièvre, de la Maison Gallimard à l’ancien local de la revue hispanique Libre, sous la conduite de Mme Di Marco, surgit de temps en temps la question de la reconstruction de ce passé déjà englouti : qu’est devenu le Café Le Pergola où Goytisolo rencontrait Jean Genet, qu’est devenue La Librairie espagnole d’Antonio Soriano où Goytisolo débattait avec ceux de l’exil républicain ou La Joie de Lire de François Maspéro, soutien indéfectible aux communistes espagnols?

Justine H. LS1

 

 

Mardi, après-midi, visite de l’exposition Electro à la Philharmonie: c’est Nathan, notre musicien, qui a prévu un exposé et un questionnaire pour que le groupe puisse visiter en autonomie.

 

 

 

Le mythe chez Platon ou le merveilleux en philosophie            

Mercredi 19 juin, les classes d’hypokhâgne et de khâgne étaient conviées à une conférence de M. Pham, professeur de philosophie, en présence de la classe de MPSI.

Introduction : Pour introduire sa conférence, le professeur a questionné ses auditeurs à propos du sujet. Quel pouvait être le rapport entre le mythe, le merveilleux et la philosophie ? Une idée principale est ressortie : l’utilisation de mythes, c’est-à-dire d’histoires imagées et circonstanciées, permettrait de rendre accessibles aux personnes non-initiées les idées philosophiques les plus complexes, les plus abstraites. Le merveilleux irait aussi dans ce sens puisqu’il suscite l’imagination. Seulement, un problème se pose : peut-on vraiment concilier la philosophie, qui s’appuie sur le « logos » (λόγος : discours rationnel), et le mythe ou le merveilleux, qui sont irrationnels en leur principe ? M. Pham nous a proposé de résoudre cette énigme (dont on sait qu’il y a un sens mais qu’il est caché) à travers trois mythes du Banquet de Platon — un ouvrage qui traite de l’amour.

 Premier mythe : Il est repris de la Théogonie d’Hésiode par le personnage de Phèdre. Selon Hésiode, Eros (Ἔρως), le dieu grec de l’amour, serait né en même temps que la Terre (Gaïa, Γαῖα), du Chaos (Χάος) primordial. Philosophiquement parlant, la Terre, support de tout, serait combinée à Eros, le principe unificateur, et ils formeraient ensemble les éléments les plus élémentaires de la formation d’un monde. Cette entrée en matière envisage également Eros comme l’Amour cosmique, qui relève du domaine de la métaphysique et ne doit pas être rapproché de l’amour humain, sans quoi l’amour existerait avant les amants ce qui serait paradoxal.     

Deuxième mythe : Raconté par le personnage d’Aristophane —créé par Platon en référence au célèbre dramaturge—, il s’agit du mythe de l’androgyne. Après l’évocation de l’Amour cosmique, c’est ici l’explication de l’amour humain qui est donnée. A l’origine, trois groupes existeraient : l’un composé de ce qui seront plus tard deux hommes (anèr, ἀνήρ), le second de deux femmes (gunè, γυνή) et le troisième d’un homme et d’une femme. À la suite d’une faute commise par les orgueilleux humains, les boules qu’ils formaient furent coupées en deux par Zeus pour former les hommes et les femmes tels qu’on les connait aujourd’hui. La culpabilité les poursuivit alors et, poussés par le désespoir, ils cherchèrent leur moitié. La sexualité et la possibilité de reproduction n’arrivèrent que plus tard, en tant que présent offert par Zeus. Ce mythe présente un double but : c’est à la fois pour Platon un moyen de réflexion sur l’unité de l’âme individuelle à travers l’amour humain, mais aussi, de façon subtile, un outil permettant de questionner les préjugés de l’époque —qui valorisait l’amour homosexuel masculin— en montrant les trois types d’amour comme naturels.

Troisième mythe : Ce dernier mythe, auquel adhère Platon, est donné par le personnage de Socrate. L’amour cosmique et l’amour humain ont été abordés, mais comment relier les deux ? La solution se trouve encore une fois dans la Théogonie d’Hésiode, avec la naissance d’un second Eros qui coïnciderait avec celle d’Aphrodite. Ce second Eros serait fils de deux divinités contraires : Poros, l’abondance, et Pénia, la misère. De fait, cela reflète bien ce qu’est capable de provoquer l’amour : la plénitude comme la souffrance. A ces origines s’ajoute une autre notion ; Eros est un démon (δαίμων), non pas dans le sens biblique du terme, mais tel que l’entendaient les Grecs de l’époque. Il s’agit d’une divinité à mi-chemin entre les hommes et les dieux, donc de l’amour humain et de l’amour cosmique. Mais comment passer du premier au second ? Le fait d’aimer est une action neutre, et elle ne garantit pas en elle-même de conduire à l’amour cosmique. Déjà l’on s’en rapproche en passant de l’amour des corps à l’amour des âmes, puis d’une âme en particulier. Néanmoins, l’unité psychologique proposée par le précédent mythe n’est pas suffisante. Il manque la cerise sur le gâteau, l’élément qui permet d’être certain que le chemin emprunté est le bon pour atteindre l’unité cosmique : le désir du Beau. C’est en effet seulement en étant à la recherche de la Beauté que l’on peut atteindre l’amour cosmique, par exemple par le choix d’aimer bellement, noblement une personne. Selon Socrate, il faut en effet s’élever non seulement jusqu’à l’amour des âmes, mais au-delà, jusqu’au désir de connaissances et de sagesse, qui est le sens du véritable Amour. La Vérité s’associe ainsi au Beau, lui-même image du Bien, principe supérieur et cause de tout.

Conclusion : A travers ces trois mythes, Platon se veut évidemment pédagogique. Mais l’utilisation de mythes et du merveilleux va au-delà d’une simple vulgarisation du philosophique. Elle permet d’apporter un regard différent sur le monde et une élévation de l’esprit, contraint de quitter ses repères terrestres. Bien qu’il ne soit pas réel, le mythe donne l’image d’un questionnement quand le raisonnement ne suffit plus. Grâce aux mythes, l’homme peut s’imaginer l’origine du monde et de toutes choses, même s’il n’était pas présent. L’aboutissement de la réflexion ne peut cependant être atteint par ces histoires fictives et il faut encore travailler à avancer sur le chemin du Beau.    

Agathe B. LS1

 

Le mercredi 19 juin, dans le cadre de la semaine culturelle, les futurs khâgneux accompagnés des khûbes ont assisté à une conférence animée par Madame Jaster sur la grande ville dans le cinéma allemand.

Les élèves ont ainsi pu appréhender cette thématique souvent présente dans l’univers cinématographique d’outre-Rhin. Grâce à une présentation ponctuée d’extraits, les élèves ont pu voir l’évolution de la place qu’occupe la ville dans l’œuvre du réalisateur. Ce dernier, grâce à la manière de filmer ou grâce à des techniques rythmiques et sonores, place la ville au service de l’image. La représentation de celle-ci évolue au fur et à mesure du temps. On découvre tantôt l’opulence de celle-ci tantôt ses dérives ainsi que la multitude de ses contrastes à travers l’expérience des personnages.

A la fin de cette partie théorique, Madame Jaster a permis aux élèves de mettre en pratique ce qu’ils ont pu découvrir par la réalisation de petits courts-métrages.

Thibault C. Ls1

 

 

Jeudi 13 avril nous nous sommes rendus au Musée d’Orsay où nous avons pu étudier, sous la conduite de Mme Doriath, la question de la représentation et son évolution à travers différents tableaux du XIXème siècle. A partir du début de ce siècle s’ouvre une nouvelle ère pour la peinture et la littérature. Mme De Staël stipule qu’il n’est plus envisageable d’écrire comme on le faisait avant la Révolution française, ce qui va engendrer une opposition entre une vision ancienne de la mimesis et une nouvelle. 

 

 

Pour comprendre la manière dont s’est posée, sous des formes différentes au cours du siècle, la question de la représentation dans les domaines de la peinture et de la littérature, le parcours réalisé à travers les galeries du musée s’appuie sur L’ Œuvre d’Emile Zola, publié en 1886. Dans son roman, l’auteur dépeint toute une génération d’artistes qui se caractérise par un rejet de l’Académisme et de son système de valeurs ainsi que l’abandon de la pratique de l’imitatio.

L’intrigue débute en 1863, date à laquelle le Salon des Refusés ouvre ses portes : les tensions entre deux conceptions de la représentation et de la valeur de l’œuvre se donnent ainsi à lire à travers les pages du roman. Pour mémoire, l’École des Beaux-Arts exerce une très forte influence sur la formation, le succès et la carrière des artistes et elle diffuse les principes de l’Académisme : le respect de ces principes favorise la sélection et l’exposition des œuvres au Salon officiel.

Selon eux, le dessin prime sur la couleur, qui occupe un rang secondaire et ne sera pas, pendant longtemps, enseignée. Tout artiste doit étudier le nu et, en s’inspirant des anciens qui définissent le canon, procéder à l’idéalisation de la nature avec le « beau idéal ». L’artiste doit privilégier le travail en atelier et respecter la hiérarchie des genres au sommet de laquelle trône la peinture d’Histoire. Enfin, il faut rendre des œuvres à l’aspect terminé sans que la touche ne soit pas apparente.

 Pour nous familiariser avec l’Académisme, nous avons observé deux tableaux : Les Romains de la décadence de Thomas Couture et La Naissance de Vénus d’Alexandre Cabanel. Ce tableau a connu un succès immédiat lors de son exposition au Salon de 1863 et fut acheté par Napoléon III pour sa collection personnelle. Il est peint en grandeur nature. Il représente Vénus Anadyomène allongée dans une pose qui pourrait sembler très lascive et pourtant, cette représentation de la nudité a charmé le public contemporain qui n’a rien trouvé à redire. On peut voir Chypre en arrière plan, où est née la déesse, mais aussi la présence d’Amours, ce qui renforce la référence au mythe. Le tableau est conforme au canon esthétique académique avec le corps de la déesse idéalisé par le choix des couleurs.

Parce que le sujet est mythologique et le corps féminin idéalisé, le tableau ne choque nullement les spectateurs même si Emile Zola, alors critique d’art, ne se montre pas dupe de l’hypocrisie de l’artiste et du public dans son compte-rendu du Salon : « Prenez une Vénus antique, un corps de femme quelconque dessiné d’après les règles sacrées, et, légèrement, avec une houppe, maquillez ce corps de fard et de poudre de riz ; vous aurez l’idéal de Monsieur Cabanel. Cet heureux artiste a résolu le difficile problème de rester sérieux et de plaire… Dès lors, la foule est conquise. Les femmes se pâment et les hommes gardent une attitude respectueuse. La déesse, noyée dans un fleuve de lait, a l’air d’une délicieuse lorette, non pas en chair et en os – cela serait indécent – mais en une sorte de pâte d’amande blanche et rose ».

 

 

Après un détour auprès des précurseurs auxquels le groupe de Claude Lantier rend hommage pour leurs avancées décisives dans l’histoire de la peinture (l’usage de la couleur et du mouvement dans l’esquisse de La Chasse aux lions de Delacroix et le parti pris réaliste de Courbet dans l’Enterrement à Ornans), nous avons découvert un autre nu qui lui déchaîna un scandale : l’Olympia de Manet. Nous avons pu ainsi essayer de comprendre ce qui séparait Olympia de la Vénus de Cabanel et mesurer la différence de traitement de la question de la représentation entre ces deux artistes.
L’étude du Portrait d’Emile Zola réalisé par Manet a rappelé l’étroite collaboration qui a un temps réuni le jeune journaliste et le peintre qui ne parvenait à se faire comprendre du public. Le Déjeuner sur l’herbe a également eu à subir de rudes attaques, partiellement retranscrites dans le roman zolien à travers l’accueil réservé à la toile Plein Air de Claude Lantier. Un rapide rappel historique de la rivalité qui a opposé la peinture à la photographie, inspiré de l’intervention d’Aragon dans la Querelle du Réalisme, a permis de saisir l’importance accordée aux jeux de lumière et à la fixation de l’instant dans la peinture impressionniste, illustrée par Femmes au jardin de Claude Monet.
En conclusion, nous avons vu que la doctrine naturaliste allait progressivement faire écran à la clairvoyance de Zola. Ceci explique les jugements très critiques qu’il a formulés à l’égard de ses contemporains à partir de 1879 et sans doute aussi le dénouement fatal de son roman L’Oeuvre, motif de la brouille qui l’éloigna définitivement de son ancien ami d’enfance Paul Cézanne. Ainsi, la question de la représentation évolue à travers les âges, elle dépend du point de vue des grands artistes et des critiques d’art : c’est pourquoi elle est le moteur, d’après Roland Barthes, de l’histoire littéraire.
Sara N. LS1

 

 

Une visite au Musée de la Porte Dorée: jeudi après-midi

 

 

Le bâtiment, situé dans le 12ème arrondissement, a été construit à l’occasion de l’Exposition internationale de 1931 afin d’abriter un Musée des Colonies. La France dispose alors d’un empire colonial qui s’étend sur 11 millions de km² et est peuplé par environ 50 millions d’individus. Elle est la deuxième puissance coloniale derrière l’Angleterre. Ces empires jouent un rôle crucial pour les grandes nations d’un monde très euro-centré, notamment dans les échanges commerciaux de denrées exotiques ; mais ils sont avant tout le symbole d’une volonté d’exercer l’influence la plus large possible pour asseoir sa souveraineté.
L’édifice est ainsi par extension massif, carré, orné de colonnes grecques et de bas-reliefs d’inspiration égyptienne. Sa forme rappelle par ailleurs une pagode ou un palais oriental. Ce style art déco englobe la pluralité de l’héritage architectural des colonies, il invite au voyage et montre une vision idyllique de ces pays souvent fantasmés. L’intérieur du palais obéit à cette même dynamique de glorifier l’empire colonial français tout en le justifiant auprès du public. Les contrées exotiques et leurs habitants sont en effet des curiosités. Une idéologie aveugle de la modernité se voulant progressiste entend légitimer la colonisation par un désir « d’aider » ces populations arriérées. Ce pacifisme affiché masque bien entendu toute idée d’exploitation.
Dans une salle du musée, une fresque nous montre une allégorie des cinq continents où la France, centrale, donne la main à l’Europe. Le manteau d’hermine remplace le bonnet phrygien pour faire résonner cette prospérité au-delà des limites de l’Ancien régime. Sur les autres murs sont mises en peinture des valeurs telles que le travail ou le commerce. L’exaltation de cette idéologie aujourd’hui dépassée n’était cependant pas unanimement répandue dans la France des années 1930. De la même manière que les peintres impressionnistes se sont opposés dans l’Art au néo-classicisme dans la seconde moitié du XIXème siècle, une contre-exposition coloniale a lieu simultanément dans le 19ème arrondissement avec notamment la présence des Surréalistes.
Le musée a plusieurs fois changé de nom pour correspondre à de nouvelles attentes. Depuis 2007, il est ainsi le Musée National de l’Histoire de l’Immigration. Des expositions temporaires comme celle que nous allons voir ici permettent de retracer ce passé colonialiste en dégageant des influences sur nos sociétés actuelles. Et c’est dans ce palais que se déroule cette exposition à laquelle nous a conviés Mme Bignaux et qui pose la question du mode d’expression et de la défense des revendications des migrants par la musique, naturellement.

 

 

Ainsi donc, l’exposition dresse un parallèle entre deux grandes capitales : Paris et Londres, permettant alors d’observer une pluralité de genres musicaux. Dans les années 60 de nombreux groupes ethniques sont déjà installés dans ces capitales : les Italiens, les Polonais, les Espagnols, tous issus de la génération du Baby-Boom. A Londres, deux grands groupes résonnent : Les Rolling Stones et les Beatles, ses derniers rencontrant d’ailleurs la chanteuse Sylvie Vartan.
A cette époque, de nombreux groupes se forment à Londres et à Paris : The Equals, précurseurs du Clip Vidéo et surtout des groupes de jeunes d’origines diverses: Eddy Mitchell, né à Belleville fonde les Chaussettes Noires avec Tony d’Arpa, Aldo Martínez, William Bennaim et Jean-Pierre Chichportich. Ses derniers étaient plus au fait du rock américain que la majorité de la population française, puisqu’à cette époque, les Français d’Algérie écoutaient plus la radio que ceux de la Métropole et surtout, s’intéressaient plus à la musique qui venait d’Outre-Atlantique. Toute une industrie se développe alors autour du Rock.
C’est à cette époque que de nombreux styles musicaux naissent : le Calypso, le Ska, métissant alors plusieurs genres de musiques. Ses métissages naissent et viennent pour la plupart des immigrants, qu’ils soient Jamaïcains, Israéliens, ou encore Algériens après l’Indépendance de 1962. Dans les cafés et dans les cabarets, il est possible d’entendre des musiques de tous les horizons, comme Kamal Hamadi et Noura. Mais le plus important reste le reggae dans les rues et surtout dans les années 70.
C’est à cette époque qu’une grande vague de racisme est lancée, notamment à Nottinghill, des jeunes blancs descendant dans les rues dans le seul but de « casser du noir ». Une haine anti-police se développe, et se retrouve dans la musique des années 70. Citons par exemple les Clash et leur tube London Calling mais aussi les Béruriers Noirs. Dans ce contexte, de nombreuses manifestations antiracisme sont lancées, avec surtout de nombreuses marches et de nombreux festivals.

 

 

Dans cette exposition, il est important de remarquer les nombreuses références musicales, allant des années 60 à nos jours, mais surtout de voir l’évolution politique en lien avec l’évolution musicale et les évolutions sociales, puisque l’exposition amène surtout à réfléchir à l’impact social que joue la musique, le point d’orgue étant la fin de l’exposition avec la musique électronique et surtout le rap, catalyseur des revendications sociales des quartiers défavorisés, avec notamment les groupes IAM et NTM.

 

 

Cependant, l’exposition semble brouillonne, avec de nombreuses informations qui semblent parfois hors de propos, des choix de morceaux pas toujours pertinents et quelques informations sujettes à caution. Néanmoins, nous avons passé un bon moment dans cette exposition, très agréable du fait de nombreux points d’écoutes musicales.

 

 

Adélaïde S. LS2, Nathan L. LS1 (Photos 3.5.6.7)

 

 

Montmartre            

Vendredi 21 juin après-midi, à l’initiative de Mme Fillon accompagnée de Mme Di Marco, nous nous sommes donné rendez-vous à la station de métro Abbesses à Montmartre, après une matinée de débat animée.            

La butte Montmartre est présentée comme un lieu intéressant en tant que lieu de vie, pour son architecture mais aussi pour ses habitants qui en ont fait la renommée, notamment des artistes, des peintres, des poètes, des chansonniers. L’histoire de Montmartre est également attachée à l’Histoire et à la religion puisqu’elle devient un lieu incontournable de La Commune ainsi que de la Belle Époque. Montmartre est d’abord un village caractérisé par ses vignes comme en témoignent les Vignes du Clos Montmartre replantées au XXe siècle, puis le village est rattaché à Paris en 1859.           

  Les explications de l’origine du nom de Montmartre sont diverses. En effet, Montmartre est attachée à l’histoire romaine : étymologiquement, Montmartre signifie « Mons Martis », « colline consacrée au Dieu Mars ». Elle est aussi le « Mont des Martyrs » : en 250 apr. J.C., Saint Denis arrive à Paris dans le but d’évangéliser la ville, il est sujet à la persécution et est décapité. Dans la légende, il aurait monté la plus longue rue de Montmartre (aujourd’hui la rue des Martyrs) avec sa tête sous son bras, à pied. Sur la colline fut fondée une Abbaye (d’où le nom de la station de métro Abbesses), par Adélaide de Savoie, femme de Louis VI de France.           

  Nous débutons devant « Le mur des Je t’aime » de Claire Kito et de Frédéric Baron, une céramique de 40m2 décorée d’un puzzle qui forme un cœur. Ce mur est l’occasion de faire de belles photos de groupes et de commencer la balade sur le thème de l’amour.            

Nous découvrons également le square du poète Jean Rictus, un personnage pittoresque né d’une famille modeste et ami d’Apollinaire dont nous écoutons la chanson « Crève-cœur ». Antoine Compagnon dit de lui que « sous la forme d’un parler rythmé qu’il invente, il aborde dans le langage des faubourgs toutes les misères du peuple, celles aussi qu’il a connues… », la chanson est donc l’occasion pour Rictus d’exprimer de façon poétique la vie quotidienne à Montmartre.

 

         

   Nous continuons la balade et passons devant des demeures de figures mythiques de la littérature, de la peinture et de la musique française comme Dalida —dont nous entendons « Bambino » et « Paroles, Paroles »—, ou encore le peintre Picasso avec son atelier du Bateau-Lavoir, place Emile Goudeau ; c’est là que Picasso pose les bases du cubisme et qu’il montre pour la première fois « Les Demoiselles d’Avignon ». Montmartre est une véritable cité d’artistes comme en témoigne ce haut-lieu de la vie artistique, aujourd’hui disparu.          

Nous avons l’occasion de passer devant le symbole de Montmartre, le Moulin de la Galette, l’un des deux derniers moulins à vent visibles encore aujourd’hui. Il a été fréquenté par de nombreux artistes comme Van Gogh.           

 Loin du tumulte de la ville, l’avenue Junot, plus discrète, est ponctuée de nombreux anciens ateliers et de maisons bourgeoises qui ont attiré de nombreux artistes et de nombreuses personnalités. On peut notamment y retrouver la demeure de Francisque Poulbot ou encore certains ateliers d’artistes dadaïstes comme Tristan Tzara. Un peu plus loin, la villa Léandre (du nom d’un chansonnier) aligne des maisons de style anglais. On n’y voit plus de bancs où pouvaient se trouver les clochards : nous entendons Claude Nougaro nous rappeler leur existence, avec « Clodi Clodo ».

https://www.youtube.com/watch?v=NGYCDu7yYss

 

 

           

 

Après un petit hommage à Marcel Aymé sous la forme d’une lecture d’un extrait du « Passe-Muraille » devant la sculpture de Jean Marais, nous faisons une halte rue Saint Vincent, au-dessus du cimetière, où nous écoutons un extrait du film de J. Renoir, French Cancan, « La Complainte de la Butte », tranquillement assis au milieu des peintres du moment postés dans cet endroit d’où la vue est magnifique.

https://www.youtube.com/watch?v=pROMvaMJios   

Notre promenade ensoleillée se poursuit jusqu’au Cimetière Saint Vincent (il faut pour cela avoir le courage de descendre, puis de remonter une longue volée d’escaliers), dernière demeure de nombreux architectes, compositeurs, acteurs, peintres, comme Maurice Utrillo, chanteurs mais aussi écrivains comme Marcel Aymé. Situé tout près des vignes, à côté du Lapin Agile —le cabaret célèbre qui doit son nom à une erreur de graphie pour Lapin à Gill (nom du dessinateur de l’enseigne, André Gill) —, sous la maison rose immortalisée par le peintre Utrillo, c’est un lieu calme où l’on peut voir quelques personnes venir en voisines lire sur les bancs. Nous profitons du silence pour écouter doucement une Gnossienne d’Erik Satie.  Nous grimpons ensuite jusqu’au sommet de la butte, devant l’Église Saint-Pierre, puis le Sacré-Cœur, l’occasion pour nous d’admirer la vue panoramique de Paris avant de descendre jusqu’au théâtre de l’Atelier, l’un des plus anciens théâtres parisiens (il date de 1822), remis en service par Charles Dullin, en 1922. Enfin, nous continuons la descente amorcée pour parcourir le boulevard en ouvrant l’œil en direction des ateliers d’artistes aux larges baies vitrées, jusqu’à Pigalle et la nouvelle Athènes, puis la place Blanche.  

 La colline de Montmartre était autrefois hérissée de moulins qui fermèrent un à un. En 1889, s’en ouvre un qui n’a du moulin que le décor extérieur : le Moulin Rouge. Aujourd’hui, le cabaret des nuits parisiennes fait partie des monuments de Montmartre. Le quartier du Moulin Rouge est devenu un lieu touristique prisé. Avant de nous séparer, nous écoutons un air de French Cancan —issu du film de Jean Renoir— tout en esquissant un pas de danse avant d’entendre pour finir comme nous avons commencé, « Place Blanche » de Boris Vian (un œil sur la Cité Véron, voisine du Moulin Rouge où le romancier a vécu), chantée par Henri Salvador.

Nissrine T. LS1

Edm

Agrégée d'Espagnol CPGE Chaire Supérieure Professeure CPGE depuis 1998 Présidente PrépaMantes

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